lundi 14 septembre 2015

Bi Pol Aire

J'ai le fantasme d'un foyer chaleureux où flotte l'odeur d'une tarte aux pommes chaudes en train de refroidir sur le comptoir. D'une tisane chaude réchauffant mes mains et reposant sur mes cuisses, sirotée en étant emmitouflée dans une couverture en écoutant les histoires de chacun. Bercée, par les éclats de rire. J'ai le fantasme d'avoir la certitude d'être approuvée par chacun étant présents, approbation n'ayant pour égal que seul l'amour inconditionnel qu'ils me portent. Même malgré mes fausses notes.

Moment immortalisé par la quiétude de mon âme, entourée de ces êtres chers.

J'ai le fantasme de partager des soupers dominicaux interminables, tous réunis autour d'un repas succulent, sans prétention, juste ce qu'il faut pour trouver du réconfort. Elle savait toujours quoi cuisinier, quoi nous mettre sous la dent, pour nous réunir à sa table, enfin comblée. Complète. Réparée.

J'ai le fantasme de me faire demander « Comment ça va ma chouette? » avec des grands yeux buveurs de mots et amusés, comme s'il allait ressortir de mes récits le prochain compte merveilleux.
Car c'est cela, ma mère. De grands yeux fixes et écarquillés. à l'écoute, disponibles, à la recherche de magie dans le propos.

Des yeux pairs voulant tout dire, de « je te pardonnerai tout » à « tu es allée trop loin ». Des yeux qui disent, dépendamment du moment dans l'année, dépendamment du cycle « Je n'ai jamais été aussi heureuse » ou « Je n'ai plus envie de vivre ». Des yeux qui disent dépendamment de la saison « Je suis si fière de toi » ou bien « tu es une nuisance pour moi». Des yeux qui disent « Mon bonheur, il est avec vous trois, mes amours » ou « Sortez de ma vie, que je me reconstruise!».

Des yeux qui portent à eux même tout le poids du monde et que j'ai vu pleurer aussi souvent que se plisser sous l'éclat d'un fou rire.

Des yeux qui, depuis quelques temps, restent fixes, sans lueur d'amusement. Sans compassion, sans réjouissance. Cristallisés par le procédé chimique qui lui évitera d'être trop heureuse, ou trop triste.

J'ai le fantasme de la normalité. Du retour aux beaux jours. De la normalité qui n'a jamais vraiment été normale mais qui l'était dans sa dysfonction.

J'ai le fantasme de membres d'une même famille tissés serrés, jouant ensemble, dans la même équipe. Sans nostalgie, sans tristesse, sans maladie. Sans paroles blessantes venant créer des fossés de plus en plus profonds entre ses membres. Sans désintérêt engendré par la trop forte douleur.

Une vie avec eux seulement faite de tartes aux pommes chaudes le dimanche soir, tout ce qu'il y a de plus banal - mais qui nous donnais cette vague impression d'appartenir a une entité. D'avoir sa place, là, à ce moment précis. Et que nulle part ailleurs nous ne pouvions être aussi précieux, attendus.

J'ai le fantasme de rentrer chez moi les dimanches soirs où tombaient quelques flocons gelés allant se fondre dans les bancs de neige, les bras chargés de restant qui feront office de repas pour le restant de la semaine, le manteau imprégné d'une odeur de sauce à spaghetti ou de tourtière, le cœur débordant d'amour et de reconnaissance.

J'ai le fantasme d'un retour à ce temps révolu et d'un coup de baguette magique, nous écrire un dénouement digne des plus beaux conte merveilleux....

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'ai moi, le fantasme de retrouver des enfants que j'ai aimé comme les miens...

Des enfants dont j'ai pris soin.
Que j'ai protégés.
Aimés.

Inconditionnellement.

Jusqu'à me questionner si, mon propre fils allait pouvoir m'appeler " Papa ", alors que les deux autres m'appelaient par mon prénom, tellement je ne souhaitais de différence entre ces enfants pour lesquels je ne souhaitais " aucune demie ".

Je me serais privé d'entendre " Papa " de la bouche de mon fils.
Au nom de l'harmonie,
De l'Amour... pour chacun.

Aucune demie mesure.
Aucune injustice.
Aucun ombrage...
Quel qu'il soit,
N'aurais-je toléré !
Et qui puisse séparer de quelque manière que ce fusse,
Ces enfants remplis d'Amour, L'un pour l'autre.

Ils ont été traités tous également.
Avec la même sévérité parfois.
Mais avec le même Amour.
Toujours.

Alors,
J'ai moi,
Le fantasme de croire qu'un jour,
Le temps aura laissé au temps,
Le temps de faire les choses.

J'ai le fantasme qu'un jour,
Je ne serai plus regardé comme le banni et le perdant,
Ne servant à rien d'autre qu'à semer à tous vents,
Des trucs à " saveur de psychologie populaire ".

Oui..
Je caresse avec tendresse...
Ce jour où l'on prendra la peine de se faire sa propre idée de l'autre...

Plutôt que " de ce qu'on a dit ".



" C’est seulement dans l’effacement de Soi, que l’on peut, par empathie, percevoir la réalité de l’autre ".

- Jean-Pierre Otte.