lundi 20 décembre 2010

Another Main Street

Party de fin de session de l'ESG ( école à laquelle je n’appartiens pas) + retour au Québec de ma meilleure amie partie en échange étudiant en France. Elle est d'ailleurs mon seul motif pouvant expliquer ma présence dans cet endroit. La revoir enfin, après 4 mois d'attente.

Dans la file d’attente, parce que tout bon party qui se respecte est muni d’une file d’attente, c’est l’anarchie. Ça se pousse, s’insulte. Un jeune pré pubère ayant trouvé stratégique de boire un peu avant de se rendre au party afin de sauver sur la dépense en alcool semblait avoir mal calculé sa dose- son corps était aussi mou que de la pâte à modeler- ses yeux aussi grands que des deux dollars. Il confrontait le doorman, il voulait absolument entrer. « Man, ton chien est mort, vas te coucher ». Et la toute puissance d’un doorman.
Je savais que j’allais passer une bonne soirée, lorsque la fille derrière moi a reçu une balle de neige et qu’elle s’est mise à sacrer. Une balle de neige? What the fuck?

Une salle remplie à craquer d'adolescents attardés venus célébrer la fin de leurs études. Saouls, pour la majorité. D'autres drogués, survoltés, ultrasonores. Ils portent des tuques en laine par dessus des cheveux bouclés, des lunettes de hipsters ou des t-shirt à col en V. Elles portent des talons hauts, de longs colliers et des dizaines de bracelets. Des cheveux bleaché et des frange à la Kate Moss.
Une fille sur deux semble tellement défoncée qu'elle pourrait justement se faire défoncer par trois inconnus simultanément, sans même émettre une plainte. Elles tirent à gauche, elles et leur tignasse blonde, de tout leur squelette chétif et surentrainé. Leur maigre corps aux allures de la tour de Pise fait son chemin parmi la foule, hoquetant une bleue dry mal ingérée; ou peut-être était-ce une Molson Ex ou peut-être un de ces légendaires rhum and coke.
Le chum de mon amie est déguisé en banane, c'est sa thématique. À chaque party, il revêt son costume. On voit ses bras en entier et son chest. Toutes les blondasses l'arrêtent, excitées par l'icône de débandade hors limites qu'il représente. Toujours, sous les yeux de mon amie, une petite brunette réservée, qui s'empresse de délimiter son territoire lorsqu'une blondasse un peu trop téméraire décide de se suspendre au cou de son chéri et de le couvrir de baiser alcoolisés.
« Je déteste ca », qu'elle dit
« Ouan.. », que je réponds.

L'endroit est bourré de spécimens masculins oscillant entre la maturité et l'adolescence. Ils crient, se déplacent en meute, se tiennent par le cou. Ils sont cute. Juste assez cute pour avoir un fix- tsé. Parce que y'a un p'tit blond, là-bas, aux cheveux bouclés, aux yeux verts et au sourire immense. Et il s'en crisse. Ceux qui s'en crissent, sont toujours les plus dangereux, tsé. De toutes façons, soyons rationnels voyons. Il n'a qu'un maigre 21 ans- que connait-il à la vie? Aux femmes?
Rien, bien sûr. Il doit être de ceux qui aiment trop fort, de façon irraisonnable et gâtée, trop passionné. Il ne se rend même pas compte, à quel point il envoute.
Il est encore dans son monde immaculé, naïf, désinvolte.

La musique est démesurément forte. Les quelques bars situés aux quatre coins de la salle sont bondés de gens qui ont soifs. Les barmaids, la jupe ras l’cul, servent les gars en premier. L'attente est incalculable. Tout le monde se dépasse. Les gars bousculent les filles- pour les dépasser. Elles sacrent. « Mon tabarnac, essaie d'me dépasser juste pour voér! » « Hoooo elle est fâchée la madame... Yo je t'ai même pas dépassé, c'est lui.. » dit-il en pointant son ami visiblement très amusé par la situation.

Deux shooter de rhum, question de faire naître le bonheur. « Je viens de détruire en entier ma muqueuse intestinale par ce seul shooter. Mais…. Elle se régénérera au complet dans vingt minutes. Merci cours d’anatomie qui m’empêche maintenant de festoyer naïvement, sans m’inquiéter des sévices que je fais subir à mon corps »

Je pense qu'il y a une notion, inculquée à la maternelle, qu'ils n'ont toujours pas comprise. '' Attends ton tour, ne dépasse pas les autres, autrement tu n'auras pas d'étoile dans ton cahier ''.
Je les aurais mit à genoux et les aurais fouettés d'une règle en bois. Avant de les faire copier sept cent soixante-dix-sept fois sur une feuille non lignée « je ne dépasserai plus jamais ».

En sortant du bar, près des vestiaires, une fille est couchée par terre et crie en pleurant. Elle est déconnectée de la réalité. Un troupeau de curieux s’agglutinent autour d’elle, tous aussi saouls et tentent de comprendre quel démon l’habite. Man, elle n’a seulement pas appris à boire encore. Faites la vômir et envoyez-la se coucher sur les genoux de maman, sous un drap santé.

En marchant vers la maison, j’ai eu la chance de vider mon portefeuille à chaque sans-abris me hélant pour du change. Man, il faisait pitié, le gars. Il voulait un poutine à cinq dollars et n’avait même pas encore une 25 sous. Je pense qu’il m’a béni, ou quelque chose du genre, entoucas Dieu y était pour quelque chose, lorsque je lui ai donné mes derniers quatre dollars. Tient ta poutine, j’connais ça cette envie là, j’ai eu la même un peu plus tôt dans la soirée et c’est vraiment très mal gérable.

Dans le taxi, la radio d’Haïti Chérie, un chauffeur discret et silencieux qui me dépose devant chez moi. Mes draps, ma couette, mon chum, le silence, le sommeil….

lundi 6 décembre 2010

« The foolish man seeks hapiness in the distance, the wise grows it uder its feets »